Les balbutiements de l'Europe spatiale
De Woomera à Kourou en passant par Hammaguir et Biscarosse
Pad 6A à Woomera : Fusée Europa 1
Kourou en Guyane : Fusée Europa 2
André Lebeau : Vous avez hérité d'une situation difficile en devenant le 2éme secrétaire général de l'ELDO en 1972...
Robert Aubinière: Ce sont des situations que j'aime. Non, non, je me suis bien plu moi à L'ELDO, et je crois qu'ELDO aurait très bien fonctionné. Au fond , ce que je crois moi, c'est les Allemands étaient hostiles, avaient très peur de leur échec et ils avaient l'impression qu'ils n'étaient pas capables de faire leur troisième étage et de le réussir, et le ministre de l'époque, qui était d'ailleurs un socialiste dans un gouvernement Schmidt, était je crois décidé à tuer le programme; du côté français c'était le maire de Brive. (propos d'un des pères de la conquête spatiale française éditions L'harmattan collections réflexions stratégiques 2008)
George Van Reeth : troisième et dernier secrétaire du CECLES-ELDO de 1972 à 1975
"Pour moi, "L'affaire ELDO" comme on dit, c'est quand même une aventure... je ne regrette pas de l'avoir vécue parce que c'était autre chose que ce que je faisais à L'ESTEC, où une routine s'était installée. Mais c'est triste... les gouvernements n'ont pas de raisons de s'en vanter"
George Van Reeth :Un lancement de Kourou qui n’a pas marché…
Dawinka Laureys : des fusées Europa ?.
George Van Reeth : On exagère souvent, parce qu’à ce moment-là, le nombre d’essais faits à l’ELDO, qui n’ont pas réussi, était tout à fait comparable à ceux d’une nouvelle fusée américaine, avant d’aboutir à une réussite. Donc, on peut discuter du fait que le drame de l’ELDO ait été vraiment à ce point-là un drame. En tout état de cause, ça l’était pour les Etats membres surtout que les Anglais, qui étaient à l’origine de l’ELDO… c’est eux qui avaient proposé l’ELDO aux Français et puis aux autres… avaient déjà quitté l’Organisation. En pratique, les Italiens avaient également plus ou moins quitté. (Interview par Dawinka Laureys les 11, 12 et 13 mars 2002 oral history of Europe in Space)
Klaus Iserland : coordination technique ELDO : . Je sais que l’ELDO a laissé un souvenir très « péjoratif » en ce qui concerne ses succès et j’aimerais profiter de cette occasion pour dire que c’était pas si mal par rapport à ce que faisaient les Américains à l’époque puisque, par exemple, pour le deuxième étage on a eu deux fois un défaut de fonctionnement et ensuite, durant les trois lancements successifs, le deuxième et le troisième étage étaient prévus et on a toujours pu réussir l’étage supérieur avec un décalage de deux lancements, c’est-à-dire : le deuxième étage a fonctionné pour la première fois au troisième lancement, le troisième étage, lui, a fonctionné pour la première fois au troisième lancement, aussi étions-nous décalés de deux lancements par rapport à la réussite parfaite. On n’a d’ailleurs pas eu de chance du tout avec le lancement F-9 puisque, là, les trois étages ont fonctionné mais la coiffe, elle, qui avait toujours été séparée lors des précédents lancements, n’est pas partie. A deux poils près, on était en orbite, on a même cru dans les premières secondes qu’on était en orbite ! Et cela aurait tout changé parce que si on avait réussi le lancement 10 même l’échec du lancement 11 aurait été supportable… mais là, comme on n’a jamais été en orbite, ils ont dit « maintenant on en a marre » ! (interview par David Redon le 11 mars 2003 history of europe in space)
Ambassadeur R Di Carrobio 1er secrétaire général du CECLES ELDO (allocution prononcée le 4 novembre 1969 au cours de la soirée débat organisée entre I.C.F, l' A.F.I.T.A.E et la S.F.A. ) l'Aéronautique et L'astronautique 1969 -9 N°16
Que faut-il donc que l'Europe fasse ?
Eh bien, avant tout, il faut une volonté politique bien décidée d'aller de l'avant : j'ai rappelé les doutes et les hésitations que l'on ressent encore par-ci, par-là, et les difficultés financières actuelles ne sont certes pas faites pour nous aider. Mais. alors qu'il est maintenant évident que l'espace prendra dans les décennies à venir toujours plus d'importance et influencera de plus en plus notre vie quotidienne et les conditions d'existence des populations, alors qu'en sept ans nous avons, malgré tout, accumulé un capital plus que valable en hommes, en installations, en capacité industrielle, en expérience, il me parait impensable que l'on s'abandonne au découragement et que l'on renonce.
1960 pas de tir de Woomera en Australie 1965
F-9 Woomera F-4
Mais où en était l'Europe Spatiale dans les années soixante???
décembre 1965 Ed White Gemini 4
pendant que les américains sortaient dans l'espace
Dès 1958, alors qu'il était évident que l'astronautique serait à l'origine d'une révolution technique sans précédent appelée à bouleverser toutes les industries, l'Europe devait adopter un grand programme spatial. Las ! le vieux continent commença par perdre de précieuses années. Il choisit alors la fausse solution consistant à faire passer l'outil avant le programme. Il voulut "réaliser des économies" en concevant une fusée avec un surplus. Et par dessus tout, l'Europe commit la tragique erreur de renoncer à priori à l'envoi d'hommes dans l'espace, ce qui revenait de sa part à dire qu'elle ne croyait pas à l'astronautique. (Albert Ducrocq 7 Mai 1966 air et cosmos N°151)
F-7 le 30 novembre 1968 F-5 F-8 le 3 juillet 1969
F2 le 20 octobre 1964 G-2 le 16 déc 1966 F-11 le 5 nov 1971
F-6/1 le 4 Août 1967 F-1 le 5 juin 1964 F-11 le 5 novembre 1971
F-5 15 novembre 1966 G-3 le 27 octobre 1967 F-9 juin 1970
F-1 juin1964 F-6/1 août 1967 viking Europa 3 Vernon 1969
on aurait préféré ce scénario ! it's a dream on scénario
Mais malheureusement on en était loin !
Ce projet de lanceur lourd représente la première tentative de l'Europe désirant accéder librement à l'espace. Il restera dans l'histoire comme un lanceur incapable d'injecter la moindre charge utile en orbite. Cependant, avec le recul, et malgré les énormes difficultés rencontrées, son apport se révéla essentiel dans tous les domaines ( politique, technique...). Indéniablement le premier lanceur Européen aura permis de tracer une voie royale à son successeur, débarrassé de biens de ses maux, en l'occurrence Ariane ( http://spatial.forumdediscussions.com/t2168-requiem-pour-europa)
Général Robert Aubinière :propos d'un des pères de la conquête spatiale française éditions l'Harmattan
"Quoiqu'il en soit, quelle était la cause fondamentale au fond de l'échec de L'ELDO ? La cause fondamentale, c'est que chaque état était patron de sa responsabilité, mais L'ELDO ne jouait pas son rôle de coordinateur, de manager qu'elle aurait dû jouer: elle n'avait pas l'autorité; elle n'avait pas cette autorité, d'abord parce que je pense que le secrétaire général de l'époque n'en était pas capable, c'était un ambassadeur; il n'était pas appelé à faire ça; il avait l'art des compromis, ce qui n'est pas du tout ce qu'il faut pour faire un lanceur. Il ne faut pas de compromis, il faut des décisions. Et d'autre part, les Etats eux-mêmes étaient opposés à l'autorité de L'ELDO. ça, je crois que c'est très très important parce que c'est ça qui est au fond...il y a une très grande responsabilité des Etats"
Mais 50 ANS plus tard.....
fusées européennes Arianespace
l'ATV 5 s'approche de l'ISS pour le ravitaillement de celle-ci
Mars 500 en 2011 un jour peut-être?
Ci-dessus, le centre de contrôle de l'ESA situé à Darmstadt en Allemagne
lancement de Rosetta le 2 mars 2004 par Ariane 5
réveil de Rosetta !
En septembre 1969, on découvrait la comète 67P Churyumov-Gerasimenko sur laquelle les européens ont posé l'atterrisseur Philae le 12 novembre 2014
Selfie de Rosetta avec la comète en arrière plan
La comète vue de Philae à une altitude de 40 mètres
Philae est posée un pied est visible
maquette de la comète au Bourget montrant le 1er point d'impact de Philae en bleu et l'arrivée définitive du robot en jaune
Le robot Philae a été retrouvé par la sonde Rosetta le 2 septembre 2016 (l'on comprend mieux les premières photos retransmises de la comète tchouri en novembre 2014)
prochaine étape de la conquête spatiale :
la capsule Orion de la NASA dans le futur propulsée par l'ATV de l'ESA vers les orbites lunaires et martiennes
le module de service européen de l' ESA a été livré à la NASA le 16 novembre 2018 en vue de la mission EM1 pour la propulsion de la capsule américaine Orion
(on voit ici les techniciens d'Airbus travaillant sous le module de service ATV)
moteur Prometheus (arianegroup) réutilisable en partie imprimable en 3D pour la future Ariane next et les lanceurs réutilisables de l'ESA
projet ESA de village sur la face cachée de la Lune en 2030
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