Phase 2 tir F-5 le 15 novembre 1966 similaire au F-4 mais avec en plus un test du système de séparation du 1er et du deuxième étage
Succès complet du tir F-5
D'abord prévu pour le 2, puis le 9 novembre 1966, le cinquième tir expérimental (F-5) de la fusée Europa s'est finalement déroulé à Woomera le 14 Novembre à 21 h 39 ( heure de Paris). La fusée a quitté normalement le pas de tir 6 A à l'aube à 6h 10 heure de Woomera.410 secondes plus tard , les débris de la fusée percutaient le sol dans le désert de Simpson, à 820 km au nord du point de départ. Les chiffres théoriques annoncés au préalable étaient de 400 secondes environ et 830 km. La trajectoire a donc été nominale et l'expérience faute d'informations plus précises peut déjà être considérée comme totalement réussie.
le tir F-5 était essentiellement destiné à l'étude du fonctionnement du système de séparation du 1er et du second étage; ce système utilise un petit propulseur à poudre de 4 tonnes de poussée, monté au centre de la base du deuxième étage; son allumage est commandé 1,5 seconde après réception d'un signal " séparation" fourni par le 1er étage en fin de propulsion, soit 144 secondes après le départ. La pression ainsi crée dans la jupe inter-étages et la poussée développée par le moteur provoquent alors la séparation effective des étages, aidée également par l'allumage simultanée des boulons explosifs les reliant. L'accroissement de vitesse calculé est de l'ordre de 6m/sec.
Bien entendu, comme dans le cas du tir F-4 les deuxième et troisième étages étaient inertes ainsi que la coiffe non largable et le satellite; Mais divers équipements additionnels avaient été ajoutés le tir F-5 devant permettre:
-de contrôler le fonctionnement de la centrale d'altitude ELDO (transportée dans le 3éme étage et de divers éléments de sécurité nouveaux ou déplacés).
-d'essayer en vol les éléments du système de séparation du troisième étage, de la coiffe et du satellite en vue des tirs ultérieurs au cours desquels ils seront réellement utilisés.
-de contrôler le fonctionnement du répondeur et des antennes de guidage ( transportés dans le troisième étage)
-de vérifier l'intégration dans l'équipement de contrôle au sol de ces mêmes éléments.
les prochains tirs seront F6/1 et F6/2 prévus l'an prochain.
article de Jacques Morisset (air et cosmos N° 174 du 19 novembre 1966 p 19 et 48)
Résultats du tir F-5
Selon le CECLES-ELDO, le tir F-5 de la fusée Europa a bien été un succès complet. Les principaux objectifs de l'essai ont en effet" tous été atteints" et les performances réelles concordent très bien avec les performances prévues, ainsi que nous l'avions laissé entendre. D'après les premiers renseignements obtenus, la durée de combustion des moteurs Rolls Royce a été de 143 secondes. le système de séparation (celle-ci étant observée par des caméras et des postes d'observation optique) des 1er et 2éme étages a fonctionné correctement et les performances de l'impulseur à poudre de ce système ont été satisfaisantes. Le système de sécurité et le dispositif de destruction (actionné par un accéléromètre détectant le retour dans l'atmosphère) ont fonctionné aussi comme prévu.
le système de référence du programmeur d'altitude placé sur le 3éme étage inerte a fonctionné pendant tout le vol; la plateforme a donné des indications correctes sur l'altitude du lanceur et sur les signaux de sortie du répondeur de guidage. Les premières évaluations indiquent également que le satellite expérimental, la coiffe et les équipements ajoutés à ces derniers ont bien fonctionné.
Quant aux équipements de contrôle au sol, aux systèmes de poursuite radar et aux systèmes de télémesure du champ de tir, ils ont donnés satisfaction.
Environ 200 personnes avaient participé à la préparation et au lancement de la fusée F-5; 200 autres ont assuré la mise en œuvre des installations du champs de tir, et comme le souligne le CECLES-ELDO, la coopération entre les équipes nationales a été fructueuse et encourageante.
Jacques Morisset (air et cosmos du 26 novembre 1966 N°175 p 21)
document : NAA 1966 A1500 : K15121 localisation Canberra
document National archives of australia
John Smith est ici photographié sur le toit de l’instrumentation building sur le champ de tir de Woomera à l’intérieur duquel les ingénieurs ont contrôlé le tir d'Europa 1 le 15 novembre 1966.
Ancien de la Royal Navy puis instituteur dans l’Hertfordshire, il est maintenant un acteur clé dans le projet du CECLES ELDO qui a pour but de développer un lanceur de satellites au centre de lancement de Woomera. John Smith, âgé de 39 ans, a résidé au 39 Bedwell Crescent à Stevenage puis a émigré en Australie du sud en 1960. Il a l’impression que le travail méticuleux de l’ELDO fourni au sol jusqu'à présent pour les derniers 5 tirs est payant. Il n'a aucun doute que l’Europe aura son propre lance satellite avant 1969.