souvenirs de la vie sur place lors d'une campagne de tir à Woomera par Gérard Perinelle
Souvenirs lors du tir F-8 d'Europa 1 à Woomera par Gérard Perinelle
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vue du lac Hart sur le site de lancement des fusées Europa
ville de Woomera vue du ciel en 1964
Au sud de l'Australie , un paysage lunaire, un vaste désert dont le sol a une teneur en sel quatorze fois supérieure à l'eau de mer, c'est là qu'est la ville de Woomera, située au nord -ouest à prés de 500 kms d’Adélaïde, la capitale de la province de l'Australie méridionale.
C'était le centre nerveux d'un vaste ensemble de champs de tir, de stations de télémesure, de repérages: Radars de suivi optique, de sécurité en vol, dispersés sur des centaines de kilomètres carrés (pour mémoire une station de télémesures à Alice Springs). Elle est née d'un accord Anglo-Australien en 1946 pour la création d'un centre d'essais d'engins téléguidés.
antenne de la NASA située à Island Lagoon
Environ 5500 habitants (ingénieurs, techniciens, militaires du" Royal Australian Artillery" et leurs familles y résidaient en permanence à la fin des années 1960).
La ville ressemble sans doute encore aujourd'hui à d'autres villes surgies dans le désert avec ses rues au tracé géométrique, ses arbres et ses espaces verts (le gazon anglais), ses cinémas, écoles, supermarchés, édifices religieux: église, temple, synagogue. je ne me souviens pas qu'il y eu une mosquée à cette époque.
l'alimentation en eau potable se fait par une canalisation de 650 kms de long venant de Salisbury.
C'est là dans les locaux de l'ELDO MESS (chambres et restaurant) que les équipes de tir en déplacement depuis l'Europe : Anglaise, allemande, italienne, française et les quelques techniciens belges et hollandais vivaient pendant la durée de la campagne.
3 mois pour ceux de l'équipe française qui préparaient et validaient les installations de mise en œuvre, 2 mois pour l'équipe lanceur 2 éme étage Coralie.
salle de restaurant de l'ELDO mess en 1967
Pour le voyage , nous avions un billet d'avion "tour du monde" avec retour open. Chacun organisait son voyage en fonction du temps imparti (4 jours ) par la société et de la date à laquelle, il fallait être présent sur le site, mais c'est au retour qu'il y avait des escales et détours touristiques, moyennant quelques suppléments financiers et quelques jours de vacances ou de récupération pris par avance (île de Bali, île de Pâques, le Japon, Hong kong, Tahiti, Etats-unis, etc...)
Avant le départ , il était nécessaire d'avoir un passeport et visas, permis de conduire international ainsi que les vaccinations contre la variole et le Choléra.
Le voyage direct durait de l'ordre de 30 heures (40 heures avec le décalage horaire), soit par l'est asiatique ou soit par les Etats unis.
Nous arrivions à Sydney et de là , transfert vers Adelaïde , par la ligne intérieure australienne.
Nous prenions une voiture de location (américaine Ford Général Motors etc.. construite sous licence à boite de vitesse automatique) retenue par le représentant permanent de NORD Aviation/SEREB : M.Panaeff et nous prenions la route de Woomera, en essayant de s'habituer à rouler à gauche en suivant la belle route côtière et en découvrant ce pays neuf: villes et paysages australiens, jusqu'à Port Augusta où là, nous prenions la piste en remontant dans le bush, si différent du sahara d'Hammaguir: terre rougeâtre, forêt d'eucalyptus et ce pendant près de 150 kilomètres en coupant la ligne de chemin de fer Sydney-Perth, sans passage à niveau, mais où en principe, il faut marquer le stop avant de la franchir sous peine d'amende si un policier vous prend en faute, la probabilité était tout de même assez faible!!!!
Avec la fin de la forêt, nous retrouvions une route goudronnée à quelques dizaines de kilomètres de kilomètres de Woomera. La base de lancement était à environ 60 kms de la base vie, au lieu-dit du 'Lake Hart".
Une belle route goudronnée , pratiquement en ligne droite, en permettait l'accès et la nuit, il n'était pas rare d'y voir des émeus déambulant au milieu de la route et des kangourous couchés sur le bitume chaud du soleil de la journée qu'ils fallaient éviter car ils avaient une propension à se jeter sur les voitures. La vitesse était limitée à 55 miles, mais il est vrai que lorsque nous débordions l'horaire normal, nous ne respections guère cette limitation au grand " dam" des ingénieurs ou techniciens australiens qui travaillaient avec nous et que nous ramenions, car à ces heures-là, il n'y avait plus de moyens de transport du champ de tir pour retourner à la base vie. (les horaires des cars étaient strictement respectés).
Les journées étaient toujours bien chargées, il y avait des dépannages ou des problèmes techniques d'interface, enfin le lot normal lié à la préparation d'un lancement avec en plus, le fait que ce lanceur n'était vraiment pas intégré, ce qui ne facilitait pas sa mise en oeuvre.
Les dimanches où nous pouvions être libres, pour ceux qui le désiraient, pouvaient faire du sport avec les australiens: tennis, rugby, foot et nous organisions souvent un barbecue à la française pour nous changer de la cuisine "anglaise" avec deux ingénieurs de l'équipe qui étaient venus avec leurs épouses, M. et Mme Marx , Mr et Mme Canto.
Profitant d'un lundi férié, nous sommes allés jusqu'aux mines d'opales d' Andamooka où l'on a l'impression d'être dans l'ouest américain pendant la ruée vers l'or, comme le décrit Jack London.
Gérard Perinelle (1928-2007), ingénieur Aérospatiale responsable des installations de mise en oeuvre du 2 éme étage Coralie pour le tir F-8 d'Europa 1 du 3 juillet 1969 et de la mise en oeuvre du tir de Diamant A le 26 novembre 1965 .
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