livre de Jean jacques Servan Schreiber "Le Défi américain" sur l'aventure de l'espace en Europe
Le Défi Américain de Jean Jacques Servan Schreiber 1967
Jean Jacques Servan Schreiber en 1967 "Le Défi américain"
L'aventure de l'Espace
Trois cents sociétés industrielles européennes se sont regroupées dans une association professionnelle pour presser les gouvernements européens de s'engager dans la grande aventure spatiale. Elles représentent plus de deux millions de salariés. La conquête de l'Espace, pour toute nation ou groupe de nations qui s'y engagent, a en effet des conséquences industrielles considérables. Elle exige des spécifications techniques sensiblement supérieures au niveau actuel et par conséquent crée des contraintes de progrès. C'est grâce aux « retombées » des recherches spatiales que l'industrie américaine a pu accomplir des percées techniques importantes dans les domaines, en particulier, des métaux réfractaires, des calculatrices, de l'industrie du vide. Et c'est par l'Espace que tous les nouveaux types de communications passeront d'ici a quelques années. D'ores et déjà les " bandes de télécommunications " entre les continents, par satellites spécialisés, commencent a être distribuées. La seule compagnie existante est américaine.
Le manifeste des industriels groupés au sein d'EUROSPACE déclare : « La somme de tous les budgets spatiaux des pays d'Europe occidentale, qu'il s'agisse des budgets nationaux ou des contributions aux organisations communes actuelles, atteint moins du trentième du budget de la NASA américaine.
A moins d'un effort de redressement vigoureux des nations européennes, le domaine des satellites d'utilisation qui entrent dans leur phase opérationnelle — télécommunications, télévision, météorologie, navigation —risque de passer pour de longues années sous le contrôle des Etats-Unis.
« S'il peut arriver que les nations d'Europe consentent exceptionnellement à ne pas être présentes dans une branche de l'économie, que penser d'un renoncement qui toucherait un secteur tout entier ? Secteur dans lequel les Etats-Unis ont réalisé en cinq ans des progrès dépassant toutes les prévisions initiales, secteur dont la capacité de développement apparaît considérable. Un renoncement global de l'Europe dans un domaine d'une telle importance serait non seulement un fait économique mais un fait historique, qu'on pourrait difficilement interpréter autrement que comme un début de consentement à son déclin.
« Les crédits de la NASA, qui se chiffrent en milliards de dollars, ont commencé à atteindre l'industrie de pointe américaine, il y a deux ans déjà. C'est donc à partir de 1970 que la vague des fournitures de « qualité spatiale », partie des Etats-Unis, atteindra avec toute son ampleur le reste du monde.
« II convient d'abord de reconnaître, ou plutôt de confirmer, qu'hormis certaines expériences scientifiques, aucune réalisation spatiale importante n'est à l'échelle d'une seule nation européenne. Une action commune des nations européennes s'impose. Les télécommunications par satellites font maintenant l'objet d'une organisation mondiale. La navigation et la météorologie le deviendront également. La compétition planétaire est la règle. A moins que les nations d'Europe cèdent à un bilatéralisme, chacune en association avec l'Amérique, où elles perdront une bonne part de leur personnalité, la nécessité de leur union dans le domaine spatial est éclatante.
« Cette action commune doit embrasser tous les domaines de l'activité spatiale. L'effort financier qui est nécessaire pour atteindre de grandes réalisations ne peut être consenti que si une coordination complète élimine les lacunes et les doubles emplois. La NASA assure cette fonction, pour une très large part, aux Etats-Unis. »
On peut résumer les vues des industries groupées au sein d'EUROSPACE, en disant qu'EUROSPACE réclame une NASA européenne.
Pourtant l'Europe n'est pas restée inactive devant la spectaculaire course à l'Espace des Américains et des Russes. Comme c'est la grande aventure industrielle moderne, celle qui parle le plus à l'imagination des nouvelles générations, il est important d'examiner ce qui a été positif dans l'expérience entreprise, et ce qui l'a été moins.
Les pays européens ont commencé par hésiter longtemps. Bien après le lancement du premier satellite artificiel (le Spoutnik, 4 octobre 1957), les nations d'Europe continuaient à se demander comment elles pourraient se lancer dans la course à l'Espace. Isolément aucune d'entre elles ne pouvait assurer les efforts d'une importance suffisante, mais elles ne se décidaient pas pour autant à chercher la solution commune — pour des raisons complexes qui étaient à la fois diplomatiques et de secret militaire.
Ce fut presque par accident que les choses commencèrent en 1961. Sur une initiative britannique. Initiative d'ailleurs fort peu visionnaire, puisqu'il s'agissait essentiellement de trouver un débouché commercial pour une fusée militaire anglaise qui n'était plus utilisable à des fins stratégiques, la « Blue Streak ». Ce vecteur déclassé pouvait éventuellement servir de premier étage à un lanceur de satellites civils. Après divers sondages diplomatiques, auprès des pays du continent, les autorités britanniques vinrent proposer à la France de présenter ensemble aux autres pays du Marché Commun un programme de construction de fusées capable de mettre des satellites sur orbite.
Ces conversations franco-britanniques s'achevèrent sur un accord de principe et une proposition commune fut faite en février 1961, à Strasbourg, aux représentants des divers pays européens intéressés. Un an plus tard, en avril 1962, sept pays signèrent une convention instituant l'Organisation Européenne pour la mise au point et la construction de lanceurs d'engins spatiaux : l'ELDO
Signature de la Convention ELDO en avril 1962
Il arriva d'abord que les pays intéressés par la réalisation en commun d'un lanceur de satellites n'accordèrent pas à la préparation du programme un temps et une attention suffisants. Chaque pays travailla de son côté en faisant étudier par ses services le dossier scientifique et technique concernant l'opération. Très peu de contacts furent pris à l'échelon international au niveau des experts. •
Lorsque s'engagèrent, dans ces conditions, les négociations politiques, les pays s'opposèrent en bloc les uns aux autres, ce qui empêcha des discussions suffisamment précises et concrètes sur le projet. Cette situation entraîna l'adoption de compromis, essentiellement diplomatiques. Et si séduisants que purent paraître les objectifs, ils se révélèrent, vite, fictifs sur bien des points. Il y eut d'abord de nouveaux retards, et la convention n'entra en vigueur que deux ans après sa signature, en mars 1964.
Elle précisait : « L'organisation de l'ELDO a pour objet la mise au point et la construction de lanceurs d'engins spatiaux, et des équipements appropriés à leur utilisation pratique ». Le programme couvert par cette convention prévoyait la construction d'une fusée intitulée ELDO-A composée ainsi.
— Premier étage : la fusée anglaise « Blue Streak (fabriquée par Hawker Siddeley Dynamics et Rolls-Royce).
— Deuxième étage : la fusée française Coralie (conçue par le laboratoire de Recherches balistiques et aérodynamiques).
— Troisième étage : une fusée allemande (conçue et réalisée par le groupe Entwicklungsring — Nord ( ERNO).
— La première série de satellites expérimentaux devait être réalisée par l'Italie.
— Les stations terrestres de guidage devaient être réalisées par la Belgique.
— Enfin les liaisons de télémesures à longue portée, et l'équipement annexe au sol, par les Pays-Bas.
La fusée ELDO-A devait être capable de mettre sur une orbite circulaire proche de la Terre (550 kilomètres) une charge utile de 800 kilos.
Dès le départ, on constata un certain nombre de faiblesses.
1). Aucune étude du système complet n'avait été réalisée par les pays intéressés, ensemble. En particulier, ce qui paraît presque incroyable, le lanceur, c'est-à-dire la fusée, était défini, sans que les participants sachent ce qu'elle devait lancer. Aucune discussion n'avait été engagée avec l'ESRO 1 qui, de son côté, étudie les satellites, à mettre en orbite.
2). Le Secrétariat international n'était dépositaire d'aucune responsabilité réelle, n'avait pas d'état-major technique compétent, et fut sans influence directe sur le déroulement du programme. Il ne put donc pas corriger par une étude sérieuse, et centralisée, les insuffisances de la convention initiale ni faire apparaître la grave sous-évaluation des budgets prévus.
3). Enfin et surtout la répartition financière des « fractions » de programme ayant été prévue entre les pays avant la signature des accords de fabrications, les Etats membres assimilèrent d'emblée les tâches qui leur étaient confiées à des programmes nationaux indépendants. Le caractère international de l'entreprise s'estompa rapidement, chaque Etat utilisant ses contributions pour réaliser sa propre fraction et même éventuellement d'autres opérations nationales non programmées.
Par exemple, les participants britanniques, ayant rapidement achevé la mise au point de leur fusée « Blue Streak », utilisèrent le complément de leur budget à la réalisation d'équipements de contrôle qui n'étaient pas prévus au programme ELDO.
De même les autorités allemandes mirent à profit leur contribution financière à l'ELDO pour développer des moyens d'essais au sol permettant d'engager et de soutenir un programme allemand ultérieur.
Les exemples de cette nature pourraient être cités pour tous les pays participant à l'ELDO. Chacun y vit surtout l'occasion financière de débuter un programme national, sans instruction plus précise des promoteurs, et sans contrôle du Secrétariat international. Il n'est pas étonnant qu'un organisme aussi mal conçu ait connu, en trois ans, deux crises graves.
Les nouvelles estimations faites par le secrétariat de l'ELDO mirent en évidence, dès 1964, que le programme ne pourrait pas être réalisé dans les délais prévus : le lancement de l'engin, prévu pour 1965, devrait être remis à 1968. De même, il apparut que le coût du programme devait déjà être doublé. Le budget international de 196 millions de dollars passa à 404 millions de dollars. Ces constatations, ces résultats, et ces erreurs, furent à l'origine de ce qu'on appela la « crise française » de 1965.
Cette année-là, devant les révisions financières et devant les nouveaux retards, les autorités françaises remirent en question leur participation à la fusée ELDO-A. Elles firent valoir un argument de poids : cette fusée européenne, tout en coûtant fort cher, ne pouvait intéresser qu'un seul client — qui était l'ESRO — avec qui d'ailleurs, on n'avait pris aucun contact. Opération peu rentable et peu raisonnable 1.
Cette attitude hostile était compréhensible, mais elle n'était pas fondée seulement sur des éléments de rationalité industrielle. La France connaissait à l'époque des difficultés financières, et d'autre part, elle préférait consacrer ses ressources au développement de son programme militaire, plus limité mais indépendant, et déjà fort onéreux.
Après de longues et difficiles discussions, la France dut changer d'avis. Elle proposa alors une autre option intéressante : abandonner le projet ELDO-A au profit d'une réalisation plus coûteuse mais plus ambitieuse, qui aurait sans doute de meilleures possibilités d'utilisation : une fusée ELDO-B. Cette nouvelle fusée comprendrait, en plus de la « Blue Streak » comme premier étage, un ou deux étages à hydrogène et oxygène liquides pouvant placer sur orbite basse environ le double de la charge de l'ELDO-A, ce qui permettait d'envoyer des satellites météorologiques et de télécommunications. Ce programme, avec des budgets supérieurs et des délais plus longs, n'est pas impossible à réaliser à l'échelle européenne. Etait-ce, de la part du gouvernement français, une proposition sincère ou une proposition tactique ? On ne le saura pas, tous les partenaires la refusèrent.
En fin de compte, et après de nouveaux délais diplomatiques, les Etats participants se mirent d'accord, à la fin du printemps 1965, pour poursuivre le programme initial (ELDO-A) tout en doublant son budget. Et aucune réforme de structure du Secrétariat ne put recevoir l'accord unanime.
Aussi, moins d'un an après, en 1966, éclatait une deuxième crise qu'on appela la « crise anglaise ».
Les Anglais, à leur tour, connaissant des difficultés financières, et préférant concentrer leurs moyens sur des pogrammes nationaux, remirent en question leur participation aux différentes actions technologiques internationales. Au printemps 1966, le gouvernement anglais fit parvenir aux Etats membres de l'Eu), une note contestant tout le programme de cet organisme et la participation britannique. Cette note reprenait, à peu de choses près, les arguments que les Français avaient développés un an avant — et que les Britanniques avaient alors réfutés.
L'attitude très ferme adoptée par les autres Etats membres de l'Europe, devant la menace de retrait britannique, permit d'éviter la rupture. Les Britanniques exigèrent, en compensation, de nouvelles études plus approfondies et une révision profonde des méthodes de gestion, ainsi qu'une autre répartition des contribution. Après ces difficiles débats, la mission de l'ELDO fut à nouveau confirmée avec une nouvelle organisation, et les objectifs suivants :
— Le programme initial sera réorienté. La fusée ELDO-A aura des étages supplémentaires permettant de satelliser une charge de 150 kilos en orbite géostationnaire (valable pour des satellites de télécommunications) vers 1970-1971, et elle s'appellera ELDO-AS.
— D'autres améliorations porteront sur les techniques de guidage, sur les possibilités d'utilisation de la base équatoriale de Guyane, et sur la mise au point de propulseurs de longue durée pour la stabilisation des satellites.
— Le plafond financier est fixé, jusqu'en 1971, à 626 millions de dollars.
— Le secrétariat sera enfin habilité à passer directement des contrats avec les centres nationaux, ayant ainsi un début de pouvoir international effectif. Il aura une équipe industrielle pouvant l'assister, à titre de conseil technique central.
Ces dernières décisions indiquent une prise de conscience, par les gouvernements européens, de l'importance de l'enjeu, et de la nécessité d'une profonde transformation des méthodes.
Ce n'est encore qu'un début timide. Et les solutions intéressant l'ELDO ont été adoptées sans que soient tranchés les autres problèmes relatifs à la recherche spatiale européenne, en particulier les rapports avec l'ESRO. Cela, dix ans après le lancement du Spoutnik, six ans après la première initiative franco-britannique, cinq ans après la signature de la convention de « coopération » entre les nations européennes. Résultat : si la fusée ELDO-ASP voit le jour en 1971, elle permettra de satelliser 150 kilos sur orbite géostationnaire. Alors que les Etats-Unis disposent aujourd'hui, en 1967, d'une demi-douzaine de lanceurs opérationnels qui satellisent sur orbite géostationnaire des charges de 2 tonnes.
On doit supposer qu'après de pareilles difficultés, de pareilles crises, le réalisme européen qui commence de naître dans les milieux les plus attentifs à ces problèmes l'emportera sur les nostalgies nationales. Il s'agit de savoir si les responsables politiques entendront les avertissements des techniciens et des industriels.
Ce ne sera pas simple, et les Américains, en dépit des apparences, ne nous faciliteront pas la tâche. Ils viennent de décider de mettre leur fusée « Scout » à la disposition gratuite de tous les pays qui désireraient lancer des satellites scientifiques. C'est cette fusée que la France a utilisée pour le lancement de son premier satellite FR 1.
Les Soviétiques en font autant. Le professeur Sedov est venu à Paris avec une importante délégation pour offrir aux Français, sur une base bilatérale, une coopération spatiale dans tous les domaines. La France s'est alors engagée à confier en principe aux Soviétique, pour faire des économies, le lancement d'un satellite français en 1971.
Pendant ce temps, et devant la complexité du jeu français, les Britanniques ont décidé de construire de leur côté leur propre lance-satellites. Ce sera la fusée « Black Arrow » qui sera sans doute disponible en 1969 et mettra en orbite des satellites britanniques à partir de la base australienne de Woomera — qui dépend de l'infrastructure américaine.
Les Allemands ne restent pas inactifs dans cette compétition souterraine, qui rivalise de toutes parts avec l'ELDO. Ils semblent désireux de se ménager, à toutes fins utiles, la carte de la coopération américaine. Les Etats-Unis viennent de leur proposer de leur confier la construction de sondes destinées spécialement à explorer le monde de Jupiter, les incorporant ainsi dans un programme spatial américain intégré.
sonde envisagée par Bölkow vers Jupiter en 1965
Là comme ailleurs, plus qu'ailleurs, car l'industrie de l'Espace en commande beaucoup d'autres, le jeu des puissances s'abat dans toute sa rigueur. Ni l'Amérique ni la Russie n'ont intérêt à ce que l'Europe devienne une véritable puissance spatiale. Elles ont pour alliés les nationalismes européens qui, selon la pente de la facilité, préfèrent la « coopération », bien qu'elle soit synonyme d'impuissance, à des abandons de souveraineté dans une intégration européenne.
La construction de véhicules spatiaux, de satellites, exige la métallurgie du titane, du béryllium, du zirconium et du tantale : autant de métaux que l'Europe connaît encore à peine et dont elle devra abandonner la maîtrise — si elle abandonne l'Espace. Quant à la fabrication de lanceurs, de fusées, elle réclame des techniques nouvelles telles que le martelage magnétique, la métallurgie des poudres, l'usinage des nids d'abeilles, et bien entendu la puissance de calcul d'une série intégrée d'ordinateurs — domaines dans lesquels l'Europe n'en est encore qu'aux premiers essais, et dans lesquels le progrès dépend, pour une forte part, des contraintes de l'Espace.
C'est donner une idée de l'intérêt que présenterait, pour l'industrie et pour la recherche, la création d'une « NASA » fédérale européenne. Une idée des bénéfices qu'on peut attendre, comme de la gravité d'une éventuelle abdication.
L'astronautique actuelle est une astronautique « chimique ». Les Européens ont encore le temps, sur la base de leurs connaissances et de leurs laboratoires actuels, de la maîtriser. Mais ils en ont juste le temps ; car la deuxième décennie spatiale va voir l'avènement d'une astronautique « atomique ».
Des moteurs nucléaires seront utilisés aussi bien pour mettre en orbite des satellites géants que pour alimenter les émetteurs de forte puissance. Ces futurs satellites et ces futurs émetteurs permettront en particulier la retransmission en direct des images de télévision par l'Espace, et la consultation « en temps réel », à distance, en n'importe quel point du globe, des ordinateurs centraux que nous avons évoqués au chapitre 10.
Une fois dominée l'organisation nécessaire à la conquête de l'astrimautique chimique, l'Europe devrait donc sans attendre mettre en priorité les études et les investissements de l'astronautique atomique qui couvrira le système des planètes vers 1980.
A Rome, les 10 et 11 juillet 1967, les ministres européens de la Recherche Scientifique se sont réunis pour tenir une « conférence spatiale ». Cette conférence a vu s'affronter le ministre italien, M. Leopoldo, et le représentant de la France sur deux thèses différentes. Le représentant italien considère que « l'Europe ne doit pas doubler » les travaux des Etats-Unis et de l'U.R.S.S. — formule dangereusement ambiguë. Et le représentant de la France considère que « l'absence d'un programme européen à long terme rend pour le moment impossible la définition de programme à court terme, aussi bien pour la recherche que pour la technologie » — remarque de bon sens mais qui, évidemment, a pu être interprétée surtout comme un prétexte à la poursuite, par la France, de son programme militaire national. Encore quelques « conférences spatiales » de cette nature et les différents pays d'Europe n'auront plus qu'à accepter purement et simplement les offres américaines de sous-traitance.
Conférence Spatiale de Rome en 1967
1. Précisons qu'à l'été 1967, la question de l'utilisation de la fusée ELDO par l'Organisation européenne ESRO n'est toujours pas tranchée : l'ESRO ne sait pas encore si les types de satellites européens dont elle assure la réalisation pourront être lancés par le vecteur ELDO-A ou non. L'ESRO se réserve la possibilité de choisir, si les caractéristiques et les prix lui conviennent mieux, les fusées américaines, pour lancer ses satellites
progrès dépend, pour une forte part, des contraintes de l'Espace.