Phase 3 tir F-9 (3 étages actifs) le 12 Juin 1970 buts:qualification des systèmes de séparation des étages et de l'éjection de la coiffe
Le dernier tir d'Europa 1 était prévu pour novembre 1969, mais en septembre 1969, le CECLES-ELDO décide de repousser le tir en avril 1970, afin que les ingénieurs allemands puissent élucider la défaillance de l'étage Astris survenue lors des deux derniers tirs F-7 et F-8; les premiers éléments ont montré que le déclenchement intempestif du système de sauvegarde de l'étage l'aurait détruit en vol. Le 12 juin 1970, après un report de 48 h, du à des gags avec la télémétrie et de la commande de séquençage du tir, la Fusée Europa 1 est lancée à 13 h10 heure locale de Woomera. Après un fonctionnement nominal de tous les étages, non seulement la coiffe refuse de se séparer et n'est pas larguée, mais on constate une chute de pressurisation du 3éme étage due au surpoids de la coiffe empêchant la mise en orbite du satellite STV 3 qui retombe dans les caraïbes après avoir survolé le pôle nord. Pour le CECLES-ELDO, ce vol est un demi succès, car pour la première fois, le lanceur a fonctionné en entier et surtout le 3éme étage allemand a fonctionné normalement pour la première fois. Le prochain tir F-11 prévu à Kourou devrait permettre de corriger le problème de la coiffe....
commentaire de Jean Gruau
«Ce fut le plus beau vol balistique jamais réalisé: pour la première fois les étages anglais, français et allemands avaient successivement parfaitement assumé leur rôle, le pilotage était parfait. Sur la base de Woomera, on sortait déjà le champagne quand tout à coup une nouvelle consternante: la coiffe du lanceur, qui aurait dû s'éjecter après son passage dans les couches denses de l'atmosphère, était restée arrimée au troisième étage encore en propulsion. Son poids était un boulet inutile qui interdisait l'accès à l'orbite de transfert géostationnaire, et même une satellisation en orbite basse, qui aurait pu être considérée comme un demi-succès par les journalistes. Le troisième étage et sa maquette de satellite, prisonnière sous la coiffe, retombèrent dans la baie d'Hudson.
Immédiatement, l'Eldo, qui avait besoin de connaître les coordonnées précises du point d'impact pour restituer par ordinateur les poussées exactes des trois étages, demanda aux Américains par la voie diplomatique officielle ces coordonnées. Ceux-ci s'empressèrent de refuser.
Stupéfaction européenne: la zone d'impact était constellée d'un réseau de radars chargés de détecter une éventuelle attaque nucléaire balistique venant, par-dessus le pôle Nord, des bases de missiles soviétiques. De toute évidence la retombée du troisième étage n'avait pu échapper à la vigilance des radars américains.
De toute évidence aussi, le grand frère américain refusait d'aider en quoi que ce soit le petit frère européen qui avait été si près du succès ! Le petit frère se fâcha et menaça le grand frère d'attirer l'attention des journalistes du monde entier sur le fait que, bien involontairement, il avait transpercé le bouclier antinucléaire américain. Dans les heures qui suivirent cette menace, l'Eldo reçut les coordonnées exactes du point d'impact !»
de gauche à droite : Mr Ribère (France) responsable Nord aviation pour Coralie, Manfred Seibold (RFA), le chef de la délégation italienne , C.W.Cannon, R.C. Kuhne, J.R. Smith (Woomera ! Facebook)
source : Facebook Woomera ! Martin Merington ingénieur HSD
source : Facebook Woomera ! Martin Merington ingénieur HSD
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cliché du photographe de HSD
En haut debouts de gauche à droite : Ralph Bryan, Reg Ward, Franck Longhurst (team leader) Gordon Smith, Franck Dove,
En bas assis : Trevor Squibb, Charles H Martin, Derek Mitchelson, John Staplehurst
Aviation Magazine du 31 juillet 1970 N°542