Phase 2 tir F-4 du 24 Mai 1966 Blue streak actif surmonté d'étages supérieurs inertes et d'une coiffe renfermant un satellite d'essais (1er vehicule complet Europa 1)
le tir F-4 est prévu le 24 Mai 1966 à 8 h00, un des jours les plus nuageux de l'année à Woomera. Une demi heure avant le décollage prévu un signal sonore se fait entendre signifiant qu'une valve à oxygène liquide est en train de fuir de la fusée. C'est alors que deux techniciens australiens sont obligés de quitter la salle de contrôle (de l'Equipment-center-6) pour aller réparer la valve défaillante sous la fusée pleine d'oxygène liquide. la réparation est faite rapidement mais le tir est retardé d'une heure. Le compte à rebours est repris et quelques nuages menaçants après 8 h 30 arrivent mais ne génent pas la mise à feu qui se fait à 9 h 06 (heure de Woomera). La trajectoire est bonne, mais une erreur de la station du radar de Red Lake fait croire à tort que la fusée dévie de sa trajectoire. Cela suffit pour que le technicien en charge de la sécurité du vol ordonne de couper les moteurs du Blue Streak 20 secondes plus tôt que prévu. la fusée finira sa course dans le sud du désert de Simpson, 152 miles plus près du centre de lancement que le point d'impact prévu. La destruction d'Europa fut télécommandée alors que le vol ne se poursuivait que depuis 2 mn et 15 s. 2 minutes après le décollage, la flamme de la fusée était perdue de vue au dessus des nuages. En conclusion, pour le CECLES -ELDO, ce tir est un succès et fait envisager l'avenir du programme Europa avec optimisme....
péripéties du vol F4 d'après Peter Morton ( fire across the desert) :
Le 23 mai 1966 tout ne s’était pas passé comme prévu.
Tout d’abord le pilote automatique de la fusée a fait une erreur et puis il y avait des difficultés dans le suivi de la sécurité du système de prévision. Au moment où ce système a été rectifié, il était 10h30 et le soleil était suffisamment haut pour interférer avec l’optique de la poursuite. Il fallait donc reporter le lancement de 24 heures. Le matin du 24 mai très tôt, les préparations se sont déroulées normalement jusqu'à une demi-heure avant le lancement. À ce moment-là, un indicateur a détecté que le niveau d’oxygène liquide (LOX) dans le réservoir du premier étage baissait. Une rapide enquête par l’équipe australienne a diagnostiqué que l’origine du problème se situait dans le mécanisme d’approvisionnement du LOX qui n’était pas sur la fusée elle-même, mais dans la machinerie de la plateforme de tir. Une valve s’était bloquée partiellement ouverte. Si l’obstacle l’empêchant de se refermer pouvait être retiré, la valve pourrait se fermer et le lancement pourrait avoir lieu. Après discussion, le chef de l’équipe australienne, Geoff Wheaton, est sorti en dehors du centre de contrôle et s’est approché de la fusée à pied. En marchant sur la chaussée au plus près d’Europa érigée sur son pas de tir, qui se dressait comme une tour au-dessus du lac salé, comme un obélisque brillant au-dessus de sa tête. Il y a eu un jet d’une sortie de décharge au bas du flanc de la fusée qui était en fait un panache de vapeur LOX. Inutile de rappeler, que sous cette enveloppe fragile en métal du premier étage, situé immédiatement au-dessus de lui, était stocké une centaine de tonnes d’oxygène liquide et de kérosène, prête à s’enflammer après réunion dans les chambres de combustion. Finalement G. Wheaton a tiré sur la prise et s’est retiré. F4 a pu décoller parfaitement à 09h06.
Pour les journalistes, l’action de Wheaton demandait un courage fou et ils ont rédigé un article sur ce qu’il avait fait comme étant un « acte d’héroïsme extrême ». Wheaton se moquait de lui-même, affirmant par la suite que s’il y avait eu le moindre danger, il ne serait pas approché n’importe où près de l’emplacement de la fusée. Pourtant, alors que son esprit rationnel lui disait que le verrouillage de sécurité rendait Europa plus sûre qu’un Jumbo jet entièrement alimenté sur la piste, il a dû trembler en pensant qu’il était le seul homme exposé sur plusieurs miles. Mais les problèmes de la fusée Europa F4 n’étaient pas terminés pour autant. Son vol a été brusquement stoppé lors d’un incident qui a produit un malaise et beaucoup de récrimination entre les responsables de l’ELDO et le personnel du WRE, y compris une manifestation à l’extérieur de l’aéroport de Woomera. Les données de vol de la station radar de Red Lake ont suggéré que la fusée s’était brusquement écartée de sa route à 135 secondes de vol. En quelques secondes, une intrigue se trame rapidement avec une inclinaison à gauche de la trajectoire de vol qui atteint presque sa limite bien qu’elle ne l’ait pas traversé. A ce moment-là, L’agent de sécurité de vol Jack Evans a déclenché manuellement le WREBUS et la fusée a été détruite, ses restes se sont écrasés dans le sud du désert de Simpson. Après que ce signal de destruction fut envoyé, l’enquête a précisé toutefois qu’il s’agissait d’un vol normal. Le rapport qui a suivi à Paris et à Salisbury a révélé un certain nombre de causes contributives qui venaient aussi bien de la part du véhicule que du centre de lancement, la principale cause venant du type et de l’emplacement de l’antenne de transpondeur radar sur la fusée elle-même, associée à une réaction un peu prématurée de l’agent de sécurité de vol. Différentes voies de recours, comprenant la modification de l’antenne et l’élargissement du couloir de vol substantiellement, ont ensuite empêché que la situation ne se reproduise.
Expéditions de 1994 pour la récupération des éléments de la fusée Europa F-4 ...
Dans le but de témoigner des lancements des fusées du CECLES-ELDO dans le musée de Woomera, une équipe spécialisée de récupération qui avait déjà eu une expérience positive dans la récupération du satellite australien Wresat en 1990, a décidé de se lancer à la recherche du site de l'impact d'Europa F-4 de 1966. Deux groupes d'expéditions terrestres s'étaient lancés sans succès en septembre - octobre 1991, en raison d'une très grande difficulté de franchissement de la partie sud du désert de Simpson qui comporte pas mal de dunes assez hautes de 25 mètres très proches les unes des autres. Même en l'analysant par ordinateur, la zone supposée de l'impact restait introuvable. Il fallait attendre qu'un pilote de l'US air force volontaire avec trois observateurs expérimentés de l'équipe de récupération terrestre survolent la partie sud du Désert à une altitude de 500 pieds, le 13 Aout 1993 pour qu'ils repèrent un reflet du soleil sur des objets métalliques. Ensuite en Mai 1994 une première expédition terrestre a fait l'inventaire des objets très dispersés de la fusée Europa en raison de l'auto destruction qui avait été déclenchée à tort à l'époque par l'officier en charge de la sécurité. On a retrouvé entre autres, le satellite STV encore fixé au 3éme étage Astris qui s'était enfoncé à 1,2 mètres dans le sol . Enfin en octobre 1994 avec l'aide de l'armée australienne, tous les éléments qui avaient été repérés lors de l'expédition précédente ont été ramenés à Woomera : un des moteurs RZ-2 du 1er étage Blue Streak, des turbo pompes, le satellite STV, des modules électroniques et un ordinateur de guidage. depuis cette date, l'épave de F-4 est exposée au Woomera héritage centre avec la fusée SPARTA lanceur du satellite WRESAT.
en haut le premier sur la gauche debout est Mr Panaeff, résident permanent de NORD AVIATION à Woomera
en bas accroupi le 2éme en partant de la gauche est Mr Archambaud spécialiste en télémesures (D.Godde)
document DTSO
document Peter Morton : fire across the desert
document Peter Morton : fire across the desert